mardi 31 mars 2015

Krönik | Lightning Swords Of Death - The Extra Dimensional Wound (2010)


Si la Norvège ou le Québec par exemple, possèdent l’artillerie tant géographique qu’historique, propice à l’érection d’une chapelle impie, on ne peut pas en dire autant de la Californie, temple du soleil et des apparences. Les cohortes démoniaques y ont pourtant trouvé l’humus pour proliférer. Coincé, pour faire dans le raccourci, entre la veine dépressive et abyssale des Leviathan et autre Xasthur et la tendance plus évolutive développée par des formations telles que Ludicra ou Saros, Lightning Swords Of Death ne tisse que peu de liens avec ces artisans du son noir si ce n’est une froideur identique. Non, ces Américains ont davantage le regard rivé vers l’Europe du Nord. Leur musique, d’obédience norvégienne, l’empreinte granuleuse en moins, brûle d’un bois rapide et tranchant. Après un premier méfait, The Golden Plague et un split bien troussé avec Valdur, ils vomissent avec The Extra Dimensional Wound, le verset satanique qui pourrait peut-être les placer sous les feux de la rampe. Pour cela, ils peuvent compter sur l’appui de Métal Blade, même si ce label a parfois tendance à signer des produits bas gamme. Sur la qualité honnête de ce second blasphème longue durée, également. Avec leurs mines cloutées et patibulaires et une pochette malfaisante plus proche des canons du Death métal, on se doute que les mecs ne vont pas nous convier à un cours sur le point de croix. En guise d’aiguille, c’est plutôt une lame froide baignant dans le jus souillé par la vermine, qui leur sert à graver un black métal qui n’est jamais aussi percutant que lorsque les Californiens serrent le frein à main afin de dresser un bunker lourd et implacable sur cette plage délavée par la mort. Le reptilien "Venter Of The Black Beast", "Damnation Pentastrike" ou certaines décélérations mortifères (sur "The Extra Dimensional Wound" par exemple) illustrent ainsi que Lightning Swords Of Death atteint le point G en misant sur les atmosphères, comme il le fait aussi lors du long et terminal "Path To Chaos". Autant d'exemples d'un travail sur les ambiances malsaines qui n’atténue en rien la glaciale brutalité de ses géniteurs. Tout ça n’est pas très original, plus proche en terme de qualité de jeu des Verts que de l’OL mais suffisamment carré et solide pour plaire à ceux qui aiment quand le black se fait chauffer par le métal de la mort. L'esprit et l'âme qui guidaient les Grands Anciens paraissent tout de même bien loin... (cT2010 | Music Waves)


Black Metal | 44:08 | Metal Blade






lundi 30 mars 2015

Krönik | Heavydeath - Eternal Sleepwalker (2015)


Quand bien même il ne s'était pas vraiment retiré, continuant à faire parler (un peu) de lui via The Funeral Orchestra et, dans une moindre mesure, Necrocurse, le fait est que depuis la mise en sommeil (mais pas en bière) en 2007 de Runemagick, la carrière de Nicklas Rudolfsson nous captivait toutefois moins qu'avant. Cet avant où il forgeait dans le marbre chaque année une nouvelle ode à la gloire d'un Doom death aussi sec que minéral. C'est pourquoi, depuis l'an passé, son retour aux (vraies) affaires a pris des allures résurrectionnelles. Et s'il n'a malheureusement pas encore décidé d'extraire Runemagick de sa gangue de glace, c'est en réalité (presque) tout comme, puisque Heavydeath, son nouveau projet, ressemble à si méprendre à son faux-frère jumeau. Alors que les aficionados ont été aguichés par des palettes entières de démos - huit au total ! - usinées de manière quasi frénétique durant ces derniers mois, à l'image des dernières en date, "Solus In Mortem" et "Futility & Death", le caractère interminable de l'attente de ce séminal opus tient du doux euphémisme. Les brouillons qui l'ont préparé et aujourd'hui ce "Eternal Sleepwalker" démontrent déjà une chose : combien Nicklas et cette façon de creuser les ombres d'un doom abrupt qui n'appartient qu'à lui, nous ont manqué durant toutes ces années, vide désormais enfin comblé. Ils témoignent surtout du talent intact du Suédois, accompagné de deux fidèles, le batteur Daniel Moilanen et le bassiste Johan Bäckman. Avec une signature aisément identifiable, ce vétéran de la scène death suédoise n'a donc perdu ni ce sens du riffing granuleux et répétitif, qui entraîne parfois les compos jusqu'au bord de la rupture lors de longs et pétrifiés développements ('Road To The Fire', 'Bow Down') ni cette croûte sonore extrêmement brute et volontairement dépouillée. Telluriques, les instruments semblent tous libérer des ondes venues des abîmes de la terre elle-même. Preuve de cette inspiration retrouvée, alors que le groupe aurait pu se contenter de puiser dans ses démos, "Eternal Sleepwalker" ne partage aucun titre avec celles-ci, ne proposant que du matériel inédit. Et quel matériel ! Du gigantesque 'Ascending' en guise d'amorce rampante qu'achève une dernière partie orgasmique, jusqu'au au rituel terminal (mais uniquement en bonus sur la version CD) 'Beyond The Riphean Mountains', étouffante plongée en apnée dont les coups de boutoir résonnent comme les ultimes battements de cœur d'un mourant, l'album a quelque chose d'une marche funèbre que mine une inexorabilité absolue. Aurait-il pu être le successeur de "Dawn Of The End", à ce jour, dernier signe de mort de Runemagick ? Oui et non. Oui, pour les caractères que nous venons d'évoquer mais non parce que le death doom que sculpte Heavydeath s'avère moins suffocant, moins monolithique quoique toujours prisonnier d'une lenteur funèbre que rien ne vient jamais vraiment rompre. Bref, "Eternal Sleepwalker" est le disque que nous n'attendions plus de la part d'un Nicklas Rudolfsson enfin de retour dans le caveau du doom. (cT2015 | Music Waves)


Death Doom | 52:21 | Svart Records




jeudi 26 mars 2015

Krönik | Decline Of The I - Rebellion (2015)


Alors même qu’elle n’en a jamais été un des membres, on ne peut s’empêcher de penser à LSK, qui rappelons-le s’est suicidée en 2013, à l’écoute ce second méfait de Decline Of The I sur lequel semble planer son fantôme. Plus qu’un hommage, « Rebellion » se veut une manière de communion avec l’esprit torturé de la jeune femme avec laquelle, A.K., le maître des lieux partageait plus que quelques projets (Vorkreist, Love Lies Bleeding) mais sans doute aussi une même vision du monde.
Du coup, plus encore que « Inhibition », son prédécesseur, cette offrande est littéralement hantée par la mort. Aucune lumière ni instants salvateurs ne la pénètrent, jamais, noir et humide corridor au fond duquel il est aisé de se perdre, de s’égarer.  Oeuvre encore une fois extrêmement personnelle dont on a l’impression que ses procréateurs ont voulu (trop) la remplir jusqu’à la gueule, jusqu’à l’indigestion, jusqu’à l’écoeurement, cet opus se révèle des plus difficiles d’accès. Trop long peut-être, déglingué et maladif certainement, malsain et dérangeant sans aucun doute. Résultat, on n’en retient tout d’abord pas grand chose si ce n’est ces samples, qui sont une de ses marques de fabrique mais dont le groupe abuse (‘LOwer Degree Of God’sMight’). La reprise de Françoise Hardy (?), ‘Mon amie la rose’, rebaptisée ‘On est bien peu de choses’ attire également l’intention sans qu’on sache si celle-ci est vraie réussite. Puis peu à peu, par petites touches vicieuses, « Rebellion » fait néanmoins son trou dans notre mémoire, dans notre chair, inoculant son venin. Le mal est alors à l’oeuvre, insidieux et sournois. D’une lancinance mortifère (‘Hexenface’) ou furieusement black (‘Le rouge, le vide et le tordu’) mais labyrinthiques toujours (‘The End Of Prostration’), ces titres ont quelque chose de pandémoniums orgiaques qui finissent par séduire (?), grâce à leur éclat trouble. Reste que Decline Of The I, s’il n’a techniquement rien à se reprocher, paraît déjà montrer ses limites, celles d’un art noir au départ singulier mais qui semble l’être de moins en moins. Pour le moment, le charme vénéneux opère toujours mais pour combien de temps encore ? Le troisième album sera donc décisif…. (cT2015 | Sound Protest)


Black Metal | 47:36 | Agonia Records






lundi 23 mars 2015

Krönik | Northaunt - Istid (2015)


Exception (bien) faite de "The Borrowed World", transposition sonore de "La route", le best seller de Cormac McCarthy, publié en 2013 et l'associant à une autre figure tutélaire de la Dark Ambient, Svartsinn, cela faisait déjà neuf ans avec le remarquable "Horizons" que Northaunt n'avait pas enfanté de nouvel album ! C'est dire à quel point "Istid" était attendu comme une espèce de Graal fabuleux et fantasmé. Cette quatrième offrande est-elle à la hauteur de cette interminable attente ? Inutile en fait de tourner autour du pot : la réponse est affirmative. Forcément. D'autant plus que le Norvégien a plus que soigné son retour, n'offrant pas seulement un simple album mais une double dose d'Ambient arctique. Bien que "voyant la nuit" par le biais du précieux Cyclic Law, que l'on ne présente plus, cet opus pourrait très naturellement se glisser au sein du catalogue d'un autre label, plus confidentiel bien que tout aussi passionnant, l'italien Glacial Movements dont il ne partage pas que le photographe quasi attitré, Bjarne Riesto,  mais surtout cette même passion pour les froides étendues polaires, muse gelée qui se pare d'un voile d'étrangeté. Même si elle est divisée en deux parties, l’œuvre réclame d'être appréhendée comme un unique périple à travers ces paysages irréels, presque au bout du monde, là où l'homme n'a pas sa place, comme une verrue qu'il faut détruire. Il est donc vain de vouloir émietter "Istid" au risque d'en atténuer la force sourde tant les huit plages qui le composent semblent se fondre les unes dans les autres en un tout indivisible, longues pistes aux contours flous d'une langueur frissonnante. Insaisissables, elles se drapent d'atours fantomatiques. Crépusculaire et parfois lugubre, l'album capte la beauté mystérieuse de ces déserts blancs. En résulte une bande-son d'où pulse un souffle glacial qui emporte tout, libérant des images puissamment évocatrices. L'écouter seul dans l'intimité d'une pièce avalée par l'obscurité en fermant les yeux tient de l'expérience d'un voyage aussi bien sonore que visuel, guidé par ces nappes froides qui paraissent s'étendre à l'infini pour finalement mourir peu à peu et se couler dans ces terres figées par un silence éternel... Reste que les mots manquent ou semblent vides face à une telle musique dont l'essence se révèle au final impossible à retranscrire fidèlement par l'écrit. D'une grande pureté de touches et de traits, "Istid" signe l'apogée créatrice de Northaunt. Plus que jamais, il illustre que la Dark Ambient ne s'explique pas car elle est une question de foi... (cT2015 | Music Waves)


Dark Ambient | 79:00 | Cyclic Law






vendredi 20 mars 2015

Krönik | Wolfheart - Winterborn (2013)


Du nom très moonspellien de son auteur à son visuel des plus quelconques en passant par son contenu (à priori) typique de cette école finlandaise du melodic death doom, il n’y avait rien de très original à attendre de « Winterborn », premier album de Wolfheart, originellement publié en 2013 et que ré-édite deux ans plus tard Spinefarm, opus qui s’inscrit donc dans une longue tradition nationale initiée par les Rapture et autre Swallow The Sun, recette aussi racée que glacée. Bref, ce galop d’essai était presque condamné à une seule et définitive écoute avant de partir prendre la poussière sur nos étagères chargées de disques. Mais non, justement car ce projet, qui est désormais un groupe, ce qu’il n’était pas au moment de l’enregistrement de ce disque, n’est pas celui de n’importe qui puisque on retrouve à sa barre Tuomas Saukkonen, artiste souvent inspiré pendant longtemps écartelé entre de multiples joujoux dont les plus renommés sont Before The Dawn ou Black Sun Aeon. Autant de groupes qu’il a depuis sabordé pour ne plus se disperser et épuiser son incontestable talent comme il faisait depuis une bonne dizaine d’années. Wolfheart est né de ce choix. Tout seul comme souvent, ce qui ne s’entend pas, preuve supplémentaire du savoir-faire du bonhomme, il a gravé ce « Winterborn » qui porte sa marque, indélébile et aisément reconnaissable, le sauvant de la banalité promise. Car, malgré ses airs tenaces de déjà-entendu, on sent derrière cette offrande la présence d’un musicien chevronné qui maîtrise suffisamment le style pour, sinon le transcender, au moins lui faire atteindre d’étage du-dessus. Comprendre donc qu’on tient là ce qui se fait de mieux dans le genre.
Tout y est, des mélodies froidement accrocheuses à ses riffs entêtants aux allures de vigie perçant le blizzard. ‘I’, Gale Of Winter’ et plus encore l’irrésistible ‘The Hunt’ qui, en guise d’amorce d’à peine cinq minutes au compteur, réussit d’emblée à nous attraper, ouvrant tout doucement les cuisses d’un album dont on goûte peu à peu l’intimité sombre et gelée, laquelle se cristallise, outre les exemples déjà cités, autour de pièces telles que ‘Chasm’, le lent et désespéré ‘Breath’ sans oublier les plus rapides ‘Ghosts Of Karelia’ et ‘Strenght And Valor’ qui surprennent par leurs atours agressifs. Ce faisant, Tuomas Saukkonen démontre de la plus belle des manières que son inspiration est loin, très loin même, d’être tarie, délivrant plus qu’un disque mais une leçon de death mélodique et doomy à la finlandaise où rien n’est à jeter, où chaque titre à la valeur d’un hymne intemporel. (cT2015 | Sound Protest)


Melodic Death Doom | 49:34 | Spinefarm Records
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mercredi 18 mars 2015

Krönik | Zmerna - Polydirectional Lines (2014)


On prend toujours un peu peur lorsque l'on voit débouler une galette présentée comme un mélange d'instrumental et de virtuosité. Le risque d'avoir à faire à un machin aussi vain qu'indigeste bricolé par des techniciens ivres d'eux-mêmes est souvent grand... Telle est notre crainte au moment de déflorer ce "Polydirectional Lines" venu de Grèce. Le fait que celui-ci ne soit l'oeuvre que d'une seule personne solitaire ne plaçait pas non plus sa découverte sous les meilleurs augures. Las, nous avions - heureusement - tout faux. Que Zmerna soit le jouet de Manthos Stergio (Tardive Dyskinesia), musicien talentueux s'il en est, constituait pourtant un indice précieux quant à la valeur de ce premier jet onanique, certes pesamment technique mais aussi non dénué d'âme sinon d'émotion(s). Entre Metal progressif acéré ('Bloodline') et Djent mangeur d'espace ('Redline'), "Polydirectional Lines" ne fait pas mentir son nom, concentré de technique d'une extrême densité, véritable tectonique des plaques se chevauchant, se brisant en un fracas jubilatoire. Multipliant les cassures rythmiques, empilant les plans à tout va, le résultat est affolant d'une maîtrise toujours mise au service de la mélodie et où la guitare du bonhomme règne en maîtresse des lieux, reine aux traits tour à tour lourdement soulignés ou finement ciselés.  Si 'Adrenatine', en guise de préliminaires, semble vouloir confirmer nos craintes premières, les pistes qui lui succèdent, bien que taillées dans le même bois alambiqué, sont tavelées de tâches d'une beauté insoupçonnée. Le long 'Cristalline' qui mêle habilement motifs planants et gros riffs qui tâchent ou bien encore le lent 'Borderline' et ses tubulures trempées dans le post-rock démontrent notamment que le Grec sait composer de vraies chansons même instrumentales et construites sur un maillage serré et parkinsonien. Du coup, la bride tenue d'une main de fer qui l'empêche de galoper dans tous les sens, l'album s'enfile sans forcer, au point de le trouver presque trop court, c'est dire... A l'arrivée, à la fois technique et envoûtant, Zmerna tient de la bonne surprise, d'autant que l'on en attendait rien de particulier, ceci expliquant sans doute aussi un peu cela. Son caractère instrumental et complexe ne doit pas vous effrayer, vous passeriez à côté d'un opus plus enthousiasmant que prévu. (cT2014 | Music Waves)


Instrumental Progressive Post Metal




lundi 16 mars 2015

Krönik | Himinbjorg - Wyrd (2015)


Bien que discret  depuis dix ans, période seulement balisée par trois offrandes (dont la dernière et sujet de ces quelques lignes), HIMINBJORG n'a pourtant pas perdu sa place dans le coeur de ceux qui l'ont découvert avec Where Ravens Fly à la fin des années 90. Zahaah, son incontestable maître des lieux ainsi que son âme, peut compter sur des fidèles qui ne l'oublient pas car ils ont compris que l'homme continue de façonner son art, à son rythme avec modestie mais passion, ce qui va souvent de paire. Cinq ans se sont donc écoulés depuis Chants d'hier, chants de guerre, chant de la terre..., album étonnant, plus posé que ses prédécesseurs, maladroit parfois mais non moins authentique. Premier contact avec Wyrd, son visuel d'une grande beauté et oeuvre du talentueux Vincent Fouquet, parait annoncer un retour sous les meilleures auspices. Passé un prologue incantatoire que berce le bruit d'un ruisseau et le son d'une cornemuse, "The Sword Of Dignity" déboule et confirme ce que nous pressentions, amorce puissamment envoûtante, portant la très reconnaissable griffe de son auteur, une griffe à l'aspect tranchant qui serre sa proie pour ne plus la lâcher. Par rapport à son devancier, ce septième album affiche déjà un enrobage plus massif, plus vivant, quoique toujours extrêmement cru. Même si le groupe n'en est plus vraiment un (si tant est qu'il ne l'ait jamais été) en cela qu'on ne peut que l'identifier avec son charismatique fondateur entouré du permanent Kahos (batterie) et pour l'occasion de deux invités chargés des guitares et des instruments traditionnels, il n'en demeure pas moins que ce nouvel opus possède une dynamique, une force  qui semble presque en faire une oeuvre collégiale, loin d'un disque bricolé seul et sans ampleur. Conjugant la beauté spirituelle de Chants d'hier, chants de guerre, chants de la terre... à la brutalité sévère de Golden Age (en mieux produit) en un alliage tendu saupoudré de touches folkloriques du plus bel effet, Wyrd a des allures de synthèse, somme de tous les traits composant cette identité aussi riche qu'attachante. Encore une fois, formant un ensemble cohérant, tous les titres se révèlent magnifiques, tour à tour ensorcelants bien qu'implacables, à l'image du mid-tempo 'The Circle Of Warriors', ou plus abrasifs ("The Mirror Of Suffering") mais brillant toujours d'un éclat aussi noir qu'empreint d'une majesté séculaire ("The Eternal Light"). Bribes de chant clair, envolées celtiques (le superbe "Initiation", pivot de l'album) enrichissent ces pulsations, sans doute moins atmosphériques que leurs aînées de cinq ans, quand bien même elles privilégiant les ambiances et la progression à l'agression millimétrée. Ce faisant, Wyrd s'impose comme une évidente pierre angulaire d'une carrière aussi noble que sincère. (cT2015 | La Horde Noire)


Pagan Black Metal | 48:00 | European Tribes






vendredi 13 mars 2015

Krönik | Mudbath - Corrado Zeller (2014)


Plus noir, plus lourd, aller toujours plus loin sur l’échelle de Ritcher des abîmes, tel semble être le credo de toute une génération de musiciens. Les mecs de Mudbath font partie de ces scaphandriers du gros son dont le but est d’atteindre ces profondeurs privées de lumière, de s’aventurer là où l’Homme n’a encore jamais osé se rendre. Installés en Avignon, ces quatre jeunes gens en colère n’ont visiblement peur de rien, crachant aujourd’hui à la face du monde un premier parpaing aussi furieux que fiévreux capable de renvoyer tous les autres apôtres du Sludge Doom des caverne jouer à touche-pipi dans le bac à sable de la maternelle. Ni plus ni moins. De loin, « Corrado Zeller », que précédait en guise des préliminaires abruptes « Red Desert Orgy », ne se distingue par vraiment des autres brûlots du genre. Chant énervé qui hurle comme si demain ne devait plus jamais exister, guitares coulées dans le plomb et intensité organique définissent une expression des plus classiques. De près, en revanche, ça fait beaucoup plus mal, bloc de matière en fusion d’une force titanesque, édifice qui vibre d’une tension palpable et que composent trois titres. Dès l’inaugural ‘Thus I Saw The Destructive Voracity Of An Obsessive  Ritual’, plainte mortifère qui voit le groupe, durant ses dix minutes au jus, dégeuler un venin obsédant, humeur vicieuse pourtant non dénuée d’une forme de beauté, une beauté crasse, le ton est donné, pétrifié et maladif. Trois parties comme dans tout récit tragique, véritable magma belliqueux dont on ne sort pas indemne, torrent de haine constamment au bord de la rupture. Aller jusqu’au bout tient du chemin de croix, acte de pénitence qu’illustrent les 18 minutes du terminal ‘Salmonella’, macération d’une étouffante lenteur aux allures d’agonie sans fin. Ce sont les oreilles en sang et les muqueuses irritées que nous achevons son écoute. Mudbath n’est jamais aussi bon que lorsqu’il arrête le temps, lorsqu’il tricote des instants comme suspendus au dessus du gouffre sans fin, à l’image de la partie centrale de ‘Shrim Alternative Healing Center’, morceau dont la plus courte durée ne l’exonère pas d’une froide négativité. Avec « Corrado Zeller », les Fançais ont accouché d’un monstre, bête incontrôlable qui devrait faire des ravages dans les cerveaux torturés… (cT2015 | Sound Protest)


Sludge Doom | Lost Pilgrims Records